Etude et restauration du tableau d'Ely Bielutin : « Deux soeurs » : recherche et test sur les consolidants et adhésifs en vue du traitement des soulèvements de la peinture en tenant compte de l 'aspect de surface : matité et brillance.

Les Deux soeurs, tableau d'Ely Bielutin, artiste russe contemporain, a été, au cours de sa courte vie, très fortement dégradé. La rencontre avec l'artiste fut primordiale pour l'étude historique et la compréhension de l'oeuvre et de ses altérations. Celles-ci sont survenues à la suite de mauvaises conditions climatiques de son environnement, mais aussi de la technique et de la mise en oeuvre de l'artiste. L'esquisse composée de peinture à base d'ocre jaune est très appauvrie en liant. Cette sous-couche appliquée sur une préparation huileuse a perdu de sa cohésion ce qui provoque à ce niveau de la couche picturale un dédoublement.
L'identification de la nature des matériaux constitutifs, la technique de l'artiste, l'analyse de l'état de conservation de la couche et l'historique de l'oeuvre ont permis de comprendre les altérations du tableau. Notre intervention sur l'oeuvre s'est fondée uniquement sur un acte de conservation. Confrontée à l'importance de ces altérations, notre intervention exigeait une réflexion et une technique critique adaptée. L'ampleur des altérations réduisait nos possibilités d'action. Toute manipulation pouvait provoquer une perte de matière.
La recherche technico-scientifique est consacrée à l'étude des produits de consolidation et d'adhésion et de leurs propriétés, limitée au cadre strict de notre intervention de conservation. Dix consolidants/adhésifs ont été testés sur des échantillons expérimentaux comparables aux altérations du tableau pour mesurer et comparer le pouvoir collant des consolidant/adhésifs ainsi que les changements d'aspect qui peuvent être produits. Ces consolidants/adhésifs sont les suivants : la gelatin Klucel G, Plextol B500. Hydroxy méthyl propyl cellulose, Régalrez 1094, Plexisol Paraloïd B72, Rhodopas M. Béva 371, Cire-résine. Le résultat le plus probant a été la gélatine.
Mon étude s'est portée uniquement sur une intervention fondée sur la conservation. Une méthode simple qui n'exige pas trop de manipulations de l'oeuvre a été mise en place pour le refixage ponctuel à la gélatine de la couche picturale fortement soulevée. Ce traitement a rendu à l'oeuvre un aspect de surface plus acceptable et permis d'éviter, pour un certain temps, le risque de perte de matière et une dégradation totale de la couche picturale. Cependant, cette oeuvre reste encore évolutive puisque nous n'avons pas pu éliminer toutes les causes de l'altération. D'autres soulèvements apparaîtront. Le choix s'est donc porté sur une étude approfondie de la conservation préventive. La décision de restaurer l'oeuvre, afin de lui rendre son unité esthétique, sera laissée à l'appréciation du MNAM-CCI. Cependant, dans le cadre de la restauration, je préconise une retouche illusionniste (conservation de l'oeuvre, unité esthétique).