Dossier de restauration : « Portrait d'un couple flamand » : sujet technico-scientifique : étude comparative des caractéristiques physiques des colles d'esturgeon

L’étude a porté sur une peinture à l'huile du Musée Jacquemart-André attribuée d’abord à Jordaens et à Cornelis de Vos, puis à l'atelier de Rubens entre 1620 et 1630, représentant un couple flamand, Le Comte et la Comtesse d'Arundel. L’analyse en laboratoire a révélé l'existence d'une double préparation originale de tonalité ocre jaune légèrement foncée recouvrant l'ensemble de la composition, non-conforme à celle utilisée à l'époque de Rubens. L'allégement du vernis et l'élimination des repeints ont été effectués de manière progressive en utilisant le même mélange de solvants. Une intervention minimale a été menée pour redonner ponctuellement la planéité à la couche picturale soulevée en effectuant de minutieux refixages à l'aide d'une mini-table aspirante et par injection d'une colle d'esturgeon à une concentration de 3% à travers un film de Mélinex. Puis le passage d'une spatule chauffante a permis de fluidifier la colle, et de redonner la planéité aux écailles soulevées de couche picturale. La mise en extension sur un châssis provisoire a maintenu la peinture au moment de la pénétration de l'adhésif de refixage.
Le tableau étant ainsi refixé intégralement, l'allégement du vernis et l'élimination des repeints étant terminés, il est remis en tension sur son châssis, préalablement nettoyé de ses anciens papiers d'encadrement et de bordage, poncé, traité au brou de noix et ciré à la cire d'abeille.
Certaines lacunes de couche picturale ont été mastiquées à l'aide d'un mastic composé de colle de peau à 10% chargée en carbonate de calcium. D'autres lacunes datant probablement de la transposition ont été recouvertes par un mastic gris teint dans la masse qui a été légèrement poncé au papier de verre. L'ensemble de la composition a subi un double vernissage à l'aide d'un vernis à la résine "mastic" afin de donner aux couleurs toute leur profondeur, et de protéger la couche picturale avant de commencer une réintégration de type illusionniste.
L'adhésif choisi pour les refixages locaux a été la véritable colle d'esturgeon, colle animale protéinique de gélatine fabriquée à partir de la vessie natatoire de ces poissons. Une étude comparative des caractéristiques physiques de ces colles a été effectuée, sous les présentations suivantes : en vessies natatoires, en plaques fibreuse ou non, et en filaments (vermicelles).
Des mesures physiques ont été effectuées concernant le pH, la tension superficielle, la viscosité et le retrait au séchage. Ces caractéristiques font de ces colles des produits très adaptés au refixage.