Les Sacra parallela, IXe siècle

Avec plus 1200 portraits d’auteurs et quelque 400 scènes narratives, presque toutes sur fond or, le manuscrit des Sacra Parallela constitue le livre byzantin le plus densément illustré qui nous soit parvenu. C’est aussi le plus ancien exemplaire, et le seul illustré, du florilège biblique et patristique que la tradition manuscrite attribue à Jean Damascène (v. 650-750).
L’abondance exceptionnelle de son illustration en général, mais aussi, plus concrètement, la présence d’une représentation d’un peintre d’icônes en marge d’un extrait tiré d’une lettre de Basile de Césarée (f. 328 v) font de cette oeuvre monumentale un manifeste iconodoule incontestable.

Si les rapports qui relient ce manuscrit à la crise iconoclaste des VIIIe et IXe siècles byzantins sont évidents, sa provenance et sa datation précises n’en demeurent pas moins âprement discutées : s’agit-il d’une oeuvre contemporaine du second iconoclasme (814-843) qui n’a donc pu voir le jour qu’à l’extérieur de l’empire byzantin, à Rome ou à Jérusalem notamment, ou bien faut-il y voir une création byzantine ou constantinopolitaine postérieure au rétablissement du culte des images, destinée précisément à célébrer le retour à l’orthodoxie iconodoule ?

Entretien de Christian Förstel, conservateur en chef, département des manuscrits, service médiéval, BnF, et Jannic Durand, conservateur général, musée du Louvre - Vidéos de l'Institut national du patrimoine