L'hyperfréquentation : définition, risques et enjeux. Hyperfréquentation touristique et patrimoine : mythes et réalités

L'intervention de Maria Gravari-Barbas, professeur, directrice de la Chaire UNESCO Culture, Tourisme, Développement, IREST, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne porte sur la thématique de l'hyperfréquentation touristique et patrimoine lors d'une table-virtuelle sur les dégâts que peuvent causer des foules de touristes sur un site naturel ou dans un lieu touristique et sur leurs motivations à venir visiter ces lieux.

Depuis 2018, chaque promotion d’élèves conservateurs de l’Institut national du patrimoine et de l’Institut national des études territoriales organise une journée d'étude.
Cette journée est l'occasion d'aborder, de manière transversale et pluridisciplinaire, une thématique liée au patrimoine et à son actualité. Portée par l’association des élèves conservateurs (ECSPAT), elle a vocation à réunir des professionnels du secteur patrimonial et de la culture en général.

Pour la prochaine journée d'étude, qui se déroulera le 20 avril 2021, la promotion Brigitte Lainé a choisi de traiter de l'«hyperfréquentation », terme introduit dans le champ touristique pour désigner le dépassement d’un seuil de visiteurs préalablement défini en fonction des capacités d’accueil ou du confort de visite.

Cette notion est depuis 2019 au cœur d’une loi, portée par l’ancien sénateur de la Somme Jérôme Bignon, « portant diverses mesures tendant à réguler l’hyperfréquentation dans les sites naturels et culturels patrimoniaux ».
Si les conséquences de la crise sanitaire actuelle ont soudainement bouleversé les problématiques inhérentes à la fréquentation, l'hyperfréquentation demeure un enjeu majeur des années à venir. L’afflux toujours plus important de visiteurs vers les patrimoines les plus populaires soulève des interrogations en matière de conservation des sites, des monuments et des collections. Comment concilier partage et préservation ? Comment conjuguer les exigences de conservation et les enjeux économiques ? Comment garantir la qualité et le confort de visite pour les publics tout en veillant à la qualité de vie des populations locales ? Vers une gestion des flux optimisée ? Du réaménagement des espaces à la création de nouveaux outils de gestion (réservation obligatoire, visites encadrées...), la gestion des flux de visiteurs est un élément de réponse au problème de l’hyperfréquentation des sites.

Elle est au cœur de décisions stratégiques et politiques, qui conduisent certaines destinations – à l’instar d’Amsterdam et de Venise – à repenser leur modèle économique et touristique. Quelles alternatives pour demain ?

Fac-similés, visites virtuelles... les alternatives à la visite physique se multiplient dans l’ensemble des domaines culturels (archives, monuments historiques, musées, sites archéologiques, etc.). Représentent-elles une réponse pertinente, suffisante et souhaitable aux phénomènes d’hyperfréquentation ?
Elles rappellent combien il est désormais nécessaire, pour les professionnels comme pour les publics, d’envisager les modalités d’une fréquentation juste, soutenable et pérenne. Le rééquilibrage territorial, bien plus qu’un outil de régulation de la surfréquentation, interroge le rôle social et l’ancrage local des patrimoines.