Conservation et restauration d'une mosaïque de l'Antiquité tardive en Gaule aquitaine (époque gallo-romaine ; Bordeaux, Musée d'Aquitaine) : étude comparative de mortiers pour le transfert sur un nouveau support

Résumé : Ce mémoire porte sur l’étude et la conservation-restauration d’un fragment de mosaïque gallo-romaine de l’Antiquité tardive appartenant à la collection de la Société archéologique de Bordeaux, en dépôt au musée d’Aquitaine. à l’origine, cette mosaïque ornait le sol d’une villa bordelaise de notable gallo-romain. L’étude technologique de la mosaïque permet de mieux comprendre la matérialité de l’objet, la manière dont il a été créé, les matériaux qui la constituent et les technologies nécessaires à leur élaboration. Cette étude et la dé-restauration ont aussi permis de comprendre que le panneau correspond en fait à une recomposition du XIXe siècle réalisée à partir des fragments originaux d’une même mosaïque antique, associés à des éléments de mosaïque fabriqués au XIXe siècle d’après le modèle antique par Pascal-Désir Maisonneuve, mosaïste, restaurateur et artiste bordelais. L’étude historique aborde le courant mosaïstique de l’école d’Aquitaine une étude stylistique comparative. Elle se penche également sur l’histoire des collections au XIXe siècle à Bordeaux et l’histoire de la restauration de la mosaïque à travers la personnalité de Pascal-Désir Maisonneuve. L’étude historique a aussi permis d’émettre une nouvelle hypothèse quant à la provenance archéologique de cette œuvre. L’étude scientifique porte sur le choix d’un nouveau mortier de restauration réversible permettant le transfert des mosaïques sur un nouveau support. Des mortiers à base de résines vinyliques et acryliques sont comparés entre eux, ainsi qu’ à d’autres enduits à base de chaux hydraulique. Cette recherche a finalement permis d’orienter le choix du nouveau montage utilisant, entre autres, un mortier à base de résine vinylique Vinavil® 59. L’étude sanitaire de la mosaïque révèle diverses altérations, les plus importantes sont liées à la présence, d’un support en béton armé, de sels solubles et d’une couche de protection en surface fortement jaunie datant du XIXe siècle. Les traitements de stabilisation ont consisté au retrait de la chape en béton armé et à la pose d’un nouveau support, ainsi qu’ à un traitement de dessalement. Les interventions de restauration ont induit un nettoyage complexe afin de retirer le revêtement appliqué au XIXe siècle. Les quelques lacunes de tesselles ont été comblées avec un mortier de chaux hydraulique chargé de chamotte rouge et d’Acril 33®. Aujourd’hui, l’ensemble des interventions a permis la stabilisation structurelle de la mosaïque, l’arrêt de la dégradation par les sels, ainsi que la redécouverte des couleurs et des motifs du décor.