Tableaux analytiques de l’Histoire de France

Charles-Eloi Vial, conservateur, département des Manuscrits, BnF, et Alain Pougetoux, conservateur en chef, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau - Vidéos de l'Institut national du patrimoine

Comment faire d’une femme du monde une Impératrice ? Voilà une question que Napoléon a dû se poser en 1804, au moment de la proclamation de l’Empire français. Son épouse était certes une femme de goût, appréciant la peinture, la sculpture et la botanique, aimant à s’entourer d’hommes de lettres et d’artistes, mais elle n’avait pas de connaissance profonde de l’histoire et de la géographie des pays sur lesquels elle allait régner. Il fallut attendre 1807 pour que Joséphine elle-même se décide à remédier à cette situation fâcheuse. Elle engagea l’abbé Nicolas Halma (Sedan, 1755- Paris, 1830), le précepteur du fils de son Premier chambellan, qui devint bibliothécaire du château de Malmaison. Halma avait déjà connu d’autres changements inattendus dans sa carrière : ancien principal du collège de Sedan, ce traducteur spécialiste des mathématiciens grecs avait dû s’engager dans l’armée pour échapper à la guillotine, avant de se reconvertir en professeur de latin pour les enfants de la bonne société parisienne.

Halma élabora un programme de cours ambitieux, en faisant réaliser cinq grandes cartes ornées de lavis et de dessins à l’encre, représentant des scènes de l’histoire de France, des Antilles et de Corse, tirées des grands recueils de gravures comme le Musée des monuments français d’Alexandre Lenoir, accompagnés de textes érudits et de commentaires historiques inspirés des historiens et des érudits de la fin de l’Ancien Régime comme Dom Mabillon. A raison de plusieurs leçons par semaine à Saint- Cloud, Malmaison, Fontainebleau et les Tuileries, en associant textes et images, Halma réussit à dresser pour Joséphine un panorama complet de l’histoire de France, débutant avec les origines de la Gaule et aboutissant au règne de Napoléon Ier.