Les méditations sur la vie du Christ

Entretiens de Marianne Besseyre, BnF, centre de recherche sur les manuscrits enluminés, Jacques Dalarun, CNRS, Institut de recherche et d'histoire des textes et Véronique Rouchon, CNRS, Centre de recherche et de conservation des collections Les trésors du patrimoine écrit / Les documents de la Bibliothèque nationale de France / des Archives nationales à la loupe. Partenariat entre l'Institut national du patrimoine et Connaissance des arts. L'Inp, la BnF et les Archives nationales organisent chaque année un cycle de conférences consacrés aux trésors du patrimoine écrit. Conservateurs, historiens de l'art, spécialistes des textes et restaurateurs partagent avec les étudiants, amateurs et curieux leur savoir et leur passion autour de manuscrits et de documents originaux, qui sont exceptionnellement sortis des réserves de la BnF et des magasins des Archives nationales.

Les Méditations sur la vie du Christ sont un recueil de dévotion franciscaine composé durant le second quart du XIVe siècle par un frère mineur toscan, à l’intention d’une clarisse de la région. Le concepteur du manuscrit « BnF italien 115 », dont l’identité rejoint sans doute celle de l’auteur lui-même, s'inspire largement du Commentaire sur le Cantique des cantiques et, dans une moindre mesure, des Apocryphes chrétiens ainsi que de la Légende dorée.

Ce directeur de conscience soucieux d’offrir à sa destinataire un support de contemplation d’autant plus accessible et vivant qu’il recourt abondamment à l’image ne s’autorise pas moins une relecture à la fois personnelle et orientée des Evangiles, révélant les choix dogmatiques tout comme les « figures imposées » par l’Ordre à l’exercice de la spiritualité féminine. Le volume remémore les événements de la vie du Sauveur depuis sa naissance jusqu’à la Passion, en les enjolivant de détails pittoresques centrés sur l’humanité du Christ ; il accorde une place insigne à la Vierge Mère.

Le programme iconographique original comprenait 297 illustrations dont 193 ont été exécutées au final, et 113 rehaussées de couleur. L’exquise délicatesse du trait n’en ressort que mieux dans les dessins simplement tracés à la plume, où se manifeste l’intervention d’un artiste de talent, visiblement au fait des innovations plastiques de son temps expérimentées alors sur le chantier monumental de la cathédrale de Sienne, dont il est peut-être originaire. Le codex enluminé « BnF Italien 115 » demeure le plus ancien exemplaire connu en langue vulgaire de ce texte largement diffusé en latin à travers l’Europe, et l’originalité de son cycle peint a exercé une influence considérable sur l’art chrétien de la fin du Moyen Age.