En quête de renommée, Yvain et Gauvain dans le manuscrit Français 1433
Collection
N° : 208
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Description / Résumé
Si Chrétien de Troyes occupe de nos jours une place privilégiée dans la littérature médiévale en tant qu’inventeur du roman arthurien, sa renommée a été relativement éphémère au Moyen-Âge. À partir de 1170, le clerc attaché à la comtesse Marie de Champagne jette les bases d’une littérature qui fleurit au siècle suivant. La petite quarantaine de manuscrits parvenus jusqu’à nous (dont onze pour Le chevalier au lion) atteste cependant du succès modéré d’une œuvre à l’origine de nombreuses adaptations et continuations. Le manuscrit Français 1433 de la Bibliothèque nationale de France, centré sur le couple d’amis formé par Yvain et Gauvain, contient un roman de Chrétien et un roman arthurien du XIIIe siècle. Il illustre donc parfaitement la réception d’une oeuvre imitée sans être célébrée.
Messire Yvain et messire Gauvain, unis par leur titre qu’ils sont quasiment les seuls parmi tous les chevaliers d’Arthur à se voir attribuer avec une certaine constance, sont de fidèles compagnons qui courent les tournois de concert et prennent part aux grandes fêtes organisées par le roi à sa cour. Ces deux piliers du monde arthurien se retrouvent au sein de ce manuscrit qui contient Le chevalier au lion de Chrétien de Troyes racontant les aventures d’Yvain et l’anonyme Âtre Périlleux consacré à celles de Gauvain.
Ces deux romans n’ont pas été assemblés par hasard dans ce très beau codex datable du premier quart du XIVe siècle. Dans chacun en effet, le protagoniste est en difficulté ; sa valeur, son honneur, et même son identité sont mises à mal. La tension entre les règles de courtoisie et l’idéal chevaleresque provoque une rupture identitaire chez les deux chevaliers, qui doivent, pour retrouver leur bonne renommée, vaincre de terrifiants ennemis mais surtout triompher d’eux-mêmes.
Pour avoir couru les tournois avec Gauvain et oublié sa dame, Yvain, dénoncé à la cour d’Arthur par une messagère de la dame, sombre dans la folie. Un long et douloureux parcours pénitentiel s’ensuit au terme duquel il parvient à regagner l’amour de sa dame grâce à sa nouvelle identité de Chevalier au lion. Quant à Gauvain, chargé de veiller à l’honneur d’une demoiselle étrangère à la cour du roi, il manque à son devoir par souci de respecter les règles de bienséance au cours du banquet où la jeune femme est enlevée sous ses yeux. Publiquement incriminé par le roi, Gauvain perd sa réputation et passe même pour mort. Il expiera sa faute par de multiples épreuves avant de retrouver son renom et de dissiper la fausse rumeur de sa mort. Le chevalier au lion et l’Âtre périlleux interrogent ainsi le rapport essentiel dans la société médiévale entre honneur et identité, nom et renom.
La quête de renommée de ces chevaliers, les dangers affrontés et le triomphe final sont magnifiquement illustrés par un peintre qui retranscrit en toute fidélité le récit qu’il lit. L’œuvre de Chrétien étant tombée en désuétude avant une grande période de production de manuscrits de luxe en langue française, il est rare de trouver un manuscrit aussi richement illustré que le Français 1433. Particulièrement original, le style de ce codex ne peut être rapproché d’une école. Son cycle d’enluminures pleine-page fait figure d’exception dans la littérature vernaculaire. L’enlumineur propose également une lecture très fine de l’œuvre de Chrétien, centrée sur les sentiments humains et les règles de courtoisie plutôt que sur les batailles.
Entretien vidéo de Delphine Mercuzot, conservateur au département des Manuscrits, Bibliothèque nationale de France, et Michelle Szkilnik, professeur et directrice du Centre d’études du Moyen Âge, université Sorbonne nouvelle
Messire Yvain et messire Gauvain, unis par leur titre qu’ils sont quasiment les seuls parmi tous les chevaliers d’Arthur à se voir attribuer avec une certaine constance, sont de fidèles compagnons qui courent les tournois de concert et prennent part aux grandes fêtes organisées par le roi à sa cour. Ces deux piliers du monde arthurien se retrouvent au sein de ce manuscrit qui contient Le chevalier au lion de Chrétien de Troyes racontant les aventures d’Yvain et l’anonyme Âtre Périlleux consacré à celles de Gauvain.
Ces deux romans n’ont pas été assemblés par hasard dans ce très beau codex datable du premier quart du XIVe siècle. Dans chacun en effet, le protagoniste est en difficulté ; sa valeur, son honneur, et même son identité sont mises à mal. La tension entre les règles de courtoisie et l’idéal chevaleresque provoque une rupture identitaire chez les deux chevaliers, qui doivent, pour retrouver leur bonne renommée, vaincre de terrifiants ennemis mais surtout triompher d’eux-mêmes.
Pour avoir couru les tournois avec Gauvain et oublié sa dame, Yvain, dénoncé à la cour d’Arthur par une messagère de la dame, sombre dans la folie. Un long et douloureux parcours pénitentiel s’ensuit au terme duquel il parvient à regagner l’amour de sa dame grâce à sa nouvelle identité de Chevalier au lion. Quant à Gauvain, chargé de veiller à l’honneur d’une demoiselle étrangère à la cour du roi, il manque à son devoir par souci de respecter les règles de bienséance au cours du banquet où la jeune femme est enlevée sous ses yeux. Publiquement incriminé par le roi, Gauvain perd sa réputation et passe même pour mort. Il expiera sa faute par de multiples épreuves avant de retrouver son renom et de dissiper la fausse rumeur de sa mort. Le chevalier au lion et l’Âtre périlleux interrogent ainsi le rapport essentiel dans la société médiévale entre honneur et identité, nom et renom.
La quête de renommée de ces chevaliers, les dangers affrontés et le triomphe final sont magnifiquement illustrés par un peintre qui retranscrit en toute fidélité le récit qu’il lit. L’œuvre de Chrétien étant tombée en désuétude avant une grande période de production de manuscrits de luxe en langue française, il est rare de trouver un manuscrit aussi richement illustré que le Français 1433. Particulièrement original, le style de ce codex ne peut être rapproché d’une école. Son cycle d’enluminures pleine-page fait figure d’exception dans la littérature vernaculaire. L’enlumineur propose également une lecture très fine de l’œuvre de Chrétien, centrée sur les sentiments humains et les règles de courtoisie plutôt que sur les batailles.
Entretien vidéo de Delphine Mercuzot, conservateur au département des Manuscrits, Bibliothèque nationale de France, et Michelle Szkilnik, professeur et directrice du Centre d’études du Moyen Âge, université Sorbonne nouvelle
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"En quête de renommée, Yvain et Gauvain dans le manuscrit Français 1433", Médiathèque numérique de l'Inp, 26 février 2015 (consulté le 25 décembre 2024), https://mediatheque-numerique.inp.fr/rencontres-debats/tresors-patrimoine-ecrit/en-quete-renommee-yvain-gauvain-dans-manuscrit-francais-1433
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