Conservation-restauration de trois négatifs sur papier d'Alphonse Davanne et de quatre négatifs sur papier d'Henri-Victor Regnault appartenant à la Société française de photographie

Cette étude a porté sur sept négatifs sur papier présentant de nombreuses altérations mécaniques et réalisés par deux grands noms de la photographie : L.A. Davanne et H.V. Regnault. Leur observation a fait naître une série de questions: les sept négatifs étaient-ils tous cirés? Avec quel type de matériau? L’aspect de surface particulier des négatifs de Davanne était-il lié à la présence d’un autre matériau appliqué en surface? Aidés de différentes techniques d’analyse nous avons tenté de répondre à ces questions dans l’objectif d’améliorer la connaissance générale des techniques et de leur histoire et de proposer des traitements de conservation-restauration adaptés aux matériaux en présence et aux techniques employées. Des analyses IRTF par transmission et des analyses chromatographiques réalisées sur des échantillons provenant des négatifs nous ont permis de mettre en évidence la présence de cire d’abeille sur trois négatifs de Regnault, l’absence de cire sur le quatrième négatif de Regnault et la présence de cire d’abeille et de gomme laque sur les trois négatifs de Davanne. La présence de gomme laque sur des négatifs sur papier était à ce stade assez énigmatique. Après des investigations approfondie dans la littérature de l’époque et la réalisation d’échantillons, l’hypothèse suivante a été proposée : Davanne aurait utilisé la gomme laque pour vernir ses négatifs cirés, ceci peut-être dans le but d’éviter la formation de taches au moment du tirage et/ou dans le but d’améliorer la permanence de ses images, les protégeant ainsi des polluants de l’air et de l’humidité. Nous avons proposé de simples hypothèses concernant l’identification de l’étape à laquelle le cirage a été réalisé sur ces négatifs (pré ou postcirage). L’étude comparative d’une série d’adhésifs habituellement utilisés en restauration de photographie a permis de sélectionner l’Hydroxyporopylcellulose à 8% dans l’éthanol pour le traitement des négatifs cirés et la methylcellulose à 8% pour le traitement des négatifs cirés vernis, adhésifs dont les solvants ne créent pas de dommages sur les matériaux de surfaçage des négatifs. La nature de ces oeuvres, images négatives qui s’observent autant en lumière transmise qu’en lumière réfléchie et autant côté recto que côté verso, nous a amené à repenser certains traitements de consolidations, tel que l’ajout systématique de bandelettes de papier japonais au verso. Les négatifs ont été consolidés à l’aide des adhésifs sélectionnés. Les lacunes de grande dimension n’ont pas été réintégrées : un système de réintégrations amovibles intégrées au montage a été proposé. Chaque négatif a été protégé dans un montage rigide permettant une observation en lumière transmise et réfléchie sans nécessité de manipuler les objets.