Etude de trois accessoires de coiffures provenant d'une tombe d'Antinoé en Egypte, Musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, section copte : restauration d'un bourrelet de tête. Etude comparative de différents lavages sur une étamine de la…

N° : 2455 application/pdf - 9 Mo - 203 page(s)

Description / Résumé

L'ensemble traité est composé d'un bourrelet de tête (E 29482), d'une résille (E 29484) et de postiches (E 29485). Ces pièces ont été découvertes au début du siècle en Moyenne Egypte, sur le site d'Antinoé (aujourd'hui appelé Cheikh Abadeh), dans une même tombe (C 350). Elles sont conservées au Musée du Louvre, à la section copte du Département des Antiquités égyptiennes. Le bourrelet de tête (sujet principal de l'étude) est un tube de tissu de laine rouge rembourré auquel on donnait une forme arrondie pour être placé sur la tête. La résille est une sorte de bonnet formé d'un réseau de laine rouge (technique proche de celle du"sprang") qui formait un filet sur les cheveux. Les postiches sont formés de deux amas de cheveux maintenus en boule par de la laine noire. Ils sont également recouverts en partie d'une résille de laine noire.
C'est pendant les fouilles dirigées par Albert Gayet, entre 1896 et 1911, que ces objets ont été découverts et ramenés en France (déposés au Musée Guimet puis au Musée du Louvre). On les situe dans la période dite "copte" , entre le IIe siècle et le XIIe siècle après J.-C.
Les nombreux bourrelets de tête conservés au Musée du Louvre nous ont permis de définir différentes techniques de fabrication. La plus importante est celle du tissu de laine (tissée ou tressée) replié et rembourré par de la bourre de laine ou du crin. Le tissu de laine est généralement rouge (souvent teint à la garance, plus rarement associée au kermès), c'est le cas du bourrelet étudié, ou jaune (souvent teint à la gaude). On trouve également le bourrelet bouclé (formé par la succession de boucles de laine de diverses couleurs).
Le sable et la poussière très présents sur et dans les objets nous ont poussé à étudier différents types de lavages susceptibles de nettoyer ces pièces sans altérer les fibres de laine et leur colorant. La recherche a porté sur le lavage d'une toile de laine teinte à la garance (lavage appliqué par la suite à la résille) et salie aux sels de fer. Les échantillons de laine (toile de laine débouillie) ont été dans un premier temps mordancés à l'alun puis teints à la garance. Ils ont ensuite été "salis" dans un bain de rouille pour incruster le fer dans les fibres. Cinq bains de lavage ont été définis pour l'étude et chaque échantillon a été lavé dans les mêmes conditions (notamment le temps). Le bain à l'eau déminéralisée a servi de témoin pour les quatre autres : un bain à l'eau déminéralisée avec un détergent (Tinovétine JU à 0,5 g/1), un bain à l'eau déminéralisée avec le complexant E.D.T.A. (acide Ethylène Diamine TétrAcétique) à 0,1M à pH 7, un bain à l'eau déminéralisée avec le complexant E.D.T.A. à 0,1M à pH 9 et un bain à l'eau déminéralisée avec le complexant N.T.A. (acide Nitrilo Tri Acétique) à 0,1M à pH 7. Les analyses par spectrocolorimétrie et par chromatographie liquide à haute performance ont mis en évidence le fait que les lavages n'ont pas réellement agi sur le mordant de la teinture et donc n'ont pas entrainé de changement de couleur sur la laine. Le bain alcalin (peut-être plus efficace pour la saleté) n'est pas conseillé pour le lavage des textiles et l'action de l'E.D.T.A. semble la même que celle du N.T.A. à pH neutre. Ce dernier étant biodégradable, son utilisation est donc préférable. Cependant, l'action dans le temps de ces complexants sur les textiles n'étant pas connue et les différences entre ces lavages complexants et le lavage normal (avec détergent) étant minimes, il est conseillé d'utiliser ces complexants rarement, avec de grandes précautions et après avoir fait des tests préalables.
L'état du bourrelet de tête n'a pas justifié un lavage et une simple micro-aspiration a suffi pour le nettoyage. La consolidation de l'objet a pu être faite en utilisant une méthode de restauration discrète et réversible (consolidation des lacunes et des déchirures sur un support de coton teint préalablement et maintenu par des points de fixation et de restauration). Les différentes manipulations ont permis de redonner de la souplesse au bourrelet. A l'inverse, l'état de la résille nous a poussé à faire un lavage en bain avec le détergent pour mieux éliminer la saleté et redonner une forme de bonnet à l'objet. Pour renforcer l'objet et faciliter les futures manipulations, la résille a été également consolidée entièrement sur une crépeline teinte en rouge et maintenue par des points de fixation. Enfin, les postiches ont subi une intervention minimale car leur état était relativement mauvais et toute manipulation les dégradait. Après une micro-aspiration et un nettoyage local très léger, chacun des deux amas de cheveux a été recouvert totalement d'une crépeline teinte en noir.
Pour une bonne conservation en réserve et faciliter les manipulations, chaque pièce a été placée dans une boîte conçue selon ses dimensions et sa forme. Ces éléments de rangement ont été faits en carton neutre et chaque intérieur aménagé, selon l'objet, par des coussins de soie écrue rembourrés de ouate de polyester.

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Citer la ressource

de Buhren, Véronique, "Etude de trois accessoires de coiffures provenant d'une tombe d'Antinoé en Egypte, Musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes, section copte : restauration d'un bourrelet de tête. Etude comparative de différents lavages sur une étamine de la…", Médiathèque numérique de l'Inp, 15 octobre 1997 (consulté le 27 décembre 2024), https://mediatheque-numerique.inp.fr/documentation-oeuvres/memoires-diplome-restaurateurs-patrimoine/etude-trois-accessoires-coiffures-provenant-dune-tombe-dantinoe-en-egypte-musee-louvre-departement-antiquites-egyptiennes-section-copte

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