Les bulletins de vote de la soustraction d'obédience
Conférence par Bruno Galland, conservateur général, directeur scientifique du site de Paris, Archives nationales et Hélène Millet, directeur de recherches au CNRS.
Durée : 4 min 26 s
Entretiens réalisés par Astrid Desmousseaux pour Connaissance des Arts
Qui sait aujourd’hui que les Archives nationales conservent un ensemble de 293 « bulletins de vote » du XIVe siècle, fabuleux témoignage historique ? En cette année d’élections, leur présentation au grand public s’imposait.
La constitution de ces bulletins s’inscrit dans le cadre du « Grand Schisme d’Occident » qui, depuis 1378, désolait la Chrétienté en opposant deux papes, l’un à Avignon – que la France n’avait cessé de soutenir – et l’autre à Rome. Vingt ans après le début de ce Schisme, les souverains qui avaient jusqu’ici soutenu l’un ou l’autre des concurrents étaient bien obligés de constater qu’aucun ne parvenait à s’imposer. L’espoir qu’ils acceptent de se retirer était également déçu. La France, en particulier, ne pouvait que constater l’obstination du pape d’Avignon, Benoît XIII, dont elle avait jusqu’ici reconnu l’autorité. Le 7 mai 1398, le roi Charles VI convoqua donc les principaux responsables ecclésiastiques du royaume pour délibérer sur l’opportunité d’un « refus d’obéissance » au pape, plus précisément d’une « soustraction d’obédience » ; chaque participant fut invité à donner son avis par écrit, et ce sont ses avis qui sont désormais conservés dans le Trésor des chartes ».
L’examen approfondi de quelques uns de ces documents offre de riches enseignements. Très souvent autographes ou, au moins, authentifi és par quelques mots et une signature, ces pièces nous renseignent sur l’usage et la familiarité de l’écriture à la fi n du XIVe siècle dans un milieu social homogène, et sur les manières d’authentifi er ou de valider un document. Parfois très longs, parfois plus brefs, souvent très étudiés, ces documents nous disent également la conception ecclésiologique des participants, leur manière d’argumenter et leur rapport à l’autorité royale… Pris sur le vif, ils nous permettent de connaître les habitudes et les sentiments des participants avec une fraîcheur et une spontanéité peu fréquentes à cette époque.
Une coproduction Connaissance des Arts /Institut national du patrimoine avec un partenariat des Archives nationales.
Publié le : 09/02/2012
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