Le Sûtra des dix rois
Entretiens de Nathalie Monnet, conservateur en chef, responsable des manuscrits chinois, BnF, Jacques Giès, président du musée des arts asiatiques Guimet et Pauline Chassaing, restauratrice
Durée : 3 min 55 s
Réalisation : Brainsonic, 2009
Entretiens réalisés par Lucie Agache pour Connaissance des Arts
La plus ancienne imagerie du purgatoire chinois a été conservée par quelques manuscrits et peintures de la fin du premier millénaire. Pour s’implanter durablement en Chine, le bouddhisme indien a dû s’adapter : la conception bouddhique de la réincarnation s’est notamment trouvée confrontée à la pratique chinoise de la piété filiale et au culte millénaire des ancêtres. Dieux indiens et chinois se sont mêlés dans une conception d’un au-delà de type bureaucratique, calqué sur la société contemporaine. Le Sûtra des dix rois, texte apocryphe chinois, marque l’aboutissement, vers le Xe siècle, d’une nouvelle conception de la mort, accompagnée par des pratiques rituelles précises et l’élaboration d’une iconographie originale.
Vraisemblablement destiné par le clergé bouddhique à l’édification populaire, le manuscrit Pelliot chinois 2003 présente visuellement le cheminement du défunt au cours d’une existence post-mortem fixée à trois années. Pourvu d’un corps intermédiaire, le défunt traverse l’étroit et obscur chemin du purgatoire qui le mène, à intervalles prescrits, à se soumettre au jugement de dix tribunaux successifs, présidés par dix rois. Au terme de ce parcours, en fonction de ses mérites ou de ses fautes passées, une nouvelle vie lui sera attribuée dans l’une six voies de la renaissance. De manière très didactique, le texte et l’image alternent pour persuader la famille du disparu de pratiquer des jeûnes et des actes de dévotion capables de soustraire le trépassé aux affres d’un séjour en enfer, atténuer ses peines et influer sur sa renaissance dans une vie meilleure.
Ce rouleau, datant probablement du Xe siècle, est l’un des très rares exemples de manuscrit illustré de cette période ayant survécu jusqu’à nos jours. Il provient d’une grotte emplie de manuscrits et de peintures, tous antérieurs au début du XIe siècle, découverte dans les années 1900, dans le sanctuaire rupestre de Mo gao ku près de la ville de Dunhuang, dans la province du Gansu en Chine occidentale.
Service producteur : Direction de la recherche et des relations scientifiques
Publié le : 18/05/2009
Droits d'auteur
© Institut national du patrimoine
L'ensemble des ressources numériques mis en ligne par l'Inp est accessible à partir du site : mediatheque-numerique.inp.fr