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La fortune du Roman d'Alexandre en Orient

Les manuscrits de la BnF

 

Entretiens de Annie Berthier, responsable des manuscrits turcs, BnF et Yuriko Yamanaka, Musée national d'ethnologie, Minkapu, Japon

Durée : 3 min 59 s
Réalisation : Brainsonic, 2008
Entretiens réalisés par Lucie Agache pour Connaissance des Arts

 

Alexandre le Grand a laissé dans la mémoire collective des peuples vivant dans les vastes étendues de terre conquises entre la Grèce et l’Inde durant son intense mais court règne une empreinte immortelle. Sa légende s’adapta, au cours des siècles, aux nouveaux courants politiques et culturels qui s’y succédèrent, le récit prenant sa source en Egypte hellénistique. Quand les musulmans s’emparèrent des espaces soumis jadis au Conquérant, ils firent fusionner différentes versions de son histoire héritées des cultures des civilisations préislamiques ; à partir des adaptations judéo-chrétiennes du «Roman d’Alexandre» naquit le saint personnage du Dhu’l-Qarnayn, le «Bi-cornu», présent dans le Coran.

Par ailleurs, aux côtés de cette représentation religieuse, existait une variante « iranisée » dont, vers les VIIIe-IXe siècles, furent tirés des récits qui entrèrent dans l’historiographie araboislamique ; au IXe siècle, avec l’émergence du persan moderne comme langue littéraire, les auteurs persans se mirent à composer leurs propres adaptations de la vie d’Alexandre, en vers aussi bien qu’en prose. Les deux versions les plus célèbres sont dues à deux grands poètes persans : celle de Firdawsi (935 ?-1020 ?), intégrée dans son Shah name (Livre des rois), et celle de Nizami (1141-1209), l’Iskandar name. Composé au XIVe siècle, l’Iskender name (Livre d’Alexandre) de l’auteur turc Ahmedi, s’inscrit dans cette grande tradition des romans d’Alexandre persans. Cet exemplaire, réalisé à Chiraz en 1561, sous le règne du souverain safavide Shah Tahmasp (1525-1576), témoigne que cette oeuvre en langue turque continuait à être copiée en milieu iranien deux siècles plus tard.

Le manuscrit s’ouvre sur un somptueux frontispice enluminé. Dix peintures illustrant la geste d’Alexandre/Iskender accompagnent le texte en écriture nestaliq sur papier sablé d’or, terminé par des vers à la louange du sultan ottoman contemporain de l’auteur. Dans le contexte de Chiraz et de son école au XVIe siècle où, depuis 1530 des artistes venus d’Hérat et de Tabriz contribuent à l’élaboration d’un nouveau style, l’iconographie de ce manuscrit, comparée à d’autres, aide à comprendre le point de vue des artistes dans la construction d’une scène peinte, le symbolisme des couleurs et le rapport texte-image.

 

 

Service producteur : Direction de la recherche et des relations scientifiques

Publié le : 19/11/2008

 

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