L'Armorial d'Auvergne (Français 22297)
Présentation d'un registre d'armes dédié par le héraut Guillaume REVEL au roi Charles VII.
Conférence de Mathieu Lescuyer, conservateur en chef au département des Manuscrits, Bibliothèque nationale de France, et d'Olivier Matteoni, professeur, université Paris I Panthéon Sorbonne.
Unique en son genre, l’Armorial de Revel, ou Armorial d’Auvergne, Bourbonnais et Forez, réalisé au long de la décennie 1450 par le héraut d’armes Revel pour le duc de Bourbon Charles Ier († 1456) et finalement dédié au roi Charles VII, est fameux à bien des titres, et au premier chef pour ses spectaculaires représentations de villes et sites castraux de nature très variée.
Apprécié de longue date, copié dès le XVIIe siècle, il a suscité d'importantes recherches depuis une quarantaine d'années. Gabriel Fournier en 1973 s'est livré à un travail pionnier sur la morphogénèse des sites auvergnats représentés dans l'armorial, soulignant l'apport fondamental offert par celui-ci, notamment en matière de castellologie. Emmanuel de Boos, en 1998, a publié le manuscrit sous forme de fac-similé, tout en éditant, de façon magistrale, l'armorial à proprement parler et ses quelques six cents armoiries attribuées, sauf exception, à des individus nommés par leurs nom et patronyme. Pierre-Yves Lafont enfin en 2011 a dirigé la monographie collective consacrée à la partie forézienne de l'armorial sur le modèle donné par G. Fournier. Largement reproduit, il jouit localement d'une très large notoriété, à tel point qu'une « Maison de l'Armorial » lui a été dédiée à Saint-Marcellin-en-Forez.
Tout n'a cependant pas encore été dit sur ce monument. Cette présentation sera l'occasion d'un examen du prologue écrit par Revel, qui n'a pas jusqu'ici recueilli toute l'attention qu'il méritait. Quinze années environ après la révolte princière de la Praguerie contre le roi Charles VII, l'armorial s'inscrit dans une réécriture des rapports entre les princes et le roi et fournit une illustration – à divers sens du terme – des ressorts féodaux et de leur importance persistante.
De même, il reste à établir une sorte de stemma entre, en amont, archétypes potentiels de ces vues castrales, et, en aval, ses éventuels dérivés. Plutôt isolé jusqu'ici, l'armorial doit certainement être rapproché d'un manuscrit d'importance du règne de Charles V, dont les deux originaux, aujourd'hui disparus, ne sont plus connus que par une copie du XVIIe siècle, réalisée pour Roger de Gaignières, l'un des plus talentueux collectionneur et 'antiquaire' d'alors, également possesseur, ce qui n'est pas un hasard, de l'Armorial d'Auvergne lui-même. Les parallèles entre ce dernier et ce modèle, le registre des fiefs du comté de Clermont-en-Beauvaisis (1373-1376), importante possession de longue date des Bourbons, seront évoqués plus en détail.
L'entreprise de longue haleine de Guillaume Revel fournit enfin matière à réflexion sur la gestion des ressorts féodaux et la représentation que pouvaient s'en faire les officiers du prince.
Une coproduction Connaissance des Arts /Institut national du patrimoine avec un partenariat de la Bibliothèque nationale de France
Publié le : 03/07/2014
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