INP - Accueil

  • Etablissement d'enseignement supérieur du ministère de la culture
  • ENT
» Accueil » Médiathèque numérique » Conférences » Trésors du patrimoine écrit » Des manuscrits de Tombouctou à Paris (Arabe 6851)

Des manuscrits de Tombouctou à Paris (Arabe 6851)

Les manuscrits de la BnF

 

Entretien vidéo de Marie-Geneviève Guesdon, conservateur au département des Manuscrits, BnF, et Constant Hamès, chercheur associé au Centre d’Etudes Interdisciplinaires des Faits Religieux (CEIFR), EHESS.

 

 

 

 

 

L’Afrique occidentale précoloniale comprenait plusieurs foyers de culture islamique, dont Tombouctou n’est que le plus célèbre. Principal point de passage de l’or vers le Maghreb aux XVe et XVIe siècles, la ville comptait aussi à cette époque, parmi les plus hauts lieux de savoir du monde musulman. La BNF conserve un nombre important de manuscrits de provenance africaine, dont certains venant de Tombouctou, entrés pour la plupart à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle.

Le recueil Arabe 6851 est parmi ceux-là. Étonnant manuscrit ! Composite, il contient aussi bien de la théologie et du droit islamiques d’un niveau élevé que des poèmes du chevalier anté-islamique ‘Antar ou que des correspondances entre lettrés, et une abondance de recettes talismaniques ! Occasion unique donc de tenter de pénétrer dans ce monde des secrets et, par chance, de le découvrir dans son état du XIXe siècle, témoignant par ci par là, de certains faits de société de l’époque.

Ces pièces en langue arabe, avec quelques notes dans une langue africaine, ont été rassemblées dans une boîte de cuir parcheminé. La diversité de cet ensemble, dont les pièces ont été réalisées dans des écritures très soignées, révélant un style calligraphique arabe et une ornementation propre à l’Afrique, rend compte de la place importante que tenait le livre manuscrit dans la région de Tombouctou à cette époque. On y trouve, parmi d’autres, une anthologie critique de la poésie préislamique, établie en Andalousie au XIe siècle, oubliée dans le monde arabe oriental comme occidental, mais copiée, et aujourd’hui encore chantée, traduite oralement et commentée en bambara au Mali, où elle est considérée comme essentielle à la maîtrise de la langue arabe. D’autres poèmes sont dédiés à des personnalités locales du XIXe siècle.

Le recueil contient aussi de nombreux talismans. L’un d’eux mentionne le titre des lettrés musulmans du monde peul. Les Peuls se sont forgés une réputation, non seulement de fins lettrés, mais aussi de spécialistes du ‘ilm al-asrâr ou science des secrets, c’est-à-dire des talismans et de la divination. La palette des recours pour améliorer ou conjurer une situation, se révèle ici complexe, incluant magie talismanique, tant textuelle que graphique, et religiosité populaire avec des prières, dont l’une copiée par un esclave pour obtenir sa liberté.

Enfin, ce recueil a servi aussi à conserver des lettres et documents relatifs à l’histoire des Kunta de Tombouctou qui ont lutté au XIXe siècle contre al-Hajj ‘Umar de Ségou puis la colonisation française après 1894. Les noms propres qu’on y relève témoignent également des échanges, politiques et culturels, reliant Tombouctou, Ségou et Fougoumba (Fouta Jalon, actuelle Guinée).

 

Une coproduction Connaissance des Arts /Institut national du patrimoine avec un partenariat de la Bibliothèque nationale de France.

Publié le : 28/04/2014

 

 

 

Droits d'auteur

© Institut national du patrimoine

 

L'ensemble des ressources numériques mis en ligne par l'Inp est accessible à partir du site : mediatheque-numerique.inp.fr

  • Contact
  • Plan du site
  • Mentions légales